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Albanie XXXIV : retour au pays du « Seigneur des anneaux »

Albania . Lac, chemical factory in ruins at the end of the communist dictatorship in 1991

Avant d’écrire mes petites histoires sur l’Albanie, je fais toujours une recherche sur internet afin de vérifier si je ne fais pas trop d’erreurs et je suis toujours surpris de l’absence totale d’information sur ce pays, comme si tout ce que je raconte n’avait jamais existé. Les lieux, les gens, les sites industriels, tout semble effacé. Je me pose chaque fois la question, est-ce que cette histoire n’est pas simplement le fruit de mon imagination ?

Je vais donc vous raconter une nouvelle « histoire imaginaire » qui se passe au cœur de ce « pays oublié », comme le nommait le magazine GEO il y a trente ans

“Il était une fois”… un petit pays au cœur des Balkans dirigé par un méchant dictateur paranoïaque, Enver Hoxha alias « Sauron ».  « Le seigneur des anneaux » voulait changer le pays, en faire une contrée imprenable couverte de bunkers. Un pays  où l’on forgerait le cuivre et l’acier. Pour cela il devait d’abord  créer des surhommes parfaits, sociables, prêts à se sacrifier pour leur seigneur, « des hommes nouveaux », sans Dieu, à part lui. 

Pour assouvir son ambition, le dictateur avait décidé d’ouvrir une mine de cuivre au cœur de la jolie plaine  de Lac où il ferait travailler les anciens paysans qu’il avait dépossédé de leur terre pour les transformer en prolétaires, pour en faire la nouvelle élite de la nation, « ses hommes nouveaux ».

Je n’ai pas été autorisé a entrer dans l’usine de “Sauron” pour à voir de mes yeux la marche triomphante de l’industrie lourde et émancipatrice. Le rêve s’est effondré à la mort du dictateur en 1985.  

Albania . Lac, chemical factory in ruins at the end of the communist dictatorship in 1991

En 1990, c’était il y a bien longtemps, dans le précédent millénaire, quand j’ai pu visiter le royaume de Lac, la magie avait cessé d’opérer. Des âmes perdues, erraient, dépenaillées, ne sachant que faire ni où aller, au milieu de  bâtiments effondrés, dans un univers qui semblait avoir subi un cataclysme à l’image de tout le reste du pays. C’était la fin de leur monde. 

Je suis revenu à nouveau à Lac en 2004. Le mauvais sort semblait avoir disparu. Des immeubles tout neufs aux couleurs vives avaient poussé au-dessus des ruines qui avaient sans doute servi d’humus à cette nouvelle vie. Mais en grattant un peu, le monde d’avant était encore bien là. Sous les couches de peinture, suintait encore la misère et la pollution menaçait cet univers surréaliste. 

En 2018, je suis repassé à nouveau par Lac, pour voir. Les ruines de l’usine s’étaient comme fondues dans la nature, en devenant une partie intégrante. Des ombres grimaçantes surgissaient au milieu d’un paysage lunaire. Et toujours cet arrière goût de fin du monde. 

Mais les ruines  m’inspirent, si j’étais cinéaste j’aurais aimé y tourner un film de science-fiction. Mais je ne suis que photographe.  Alors pour recréer un univers imaginaire, je gribouille mes photos trop réalistes pour montrer un autre monde gai et coloré, bien loin de la triste réalité.

Michel Setboun

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