BURMA Voyage en Birmanie : Histoire et Réflexions de 1977 à 2025
in 1977
Une si longue histoire de 1977 a 2025. u003cbru003e1977, Birmanie. Quelques semaines plus tard, après un détour par d’autres régions d’Asie, je me retrouve en Birmanie. Toujours cette quête, ce fantasme de la guerre du Vietnam, cette obsession de trouver une histoire, quelque chose à vivre, à photographier. On parle des Karen, dans le nord du pays, qui se battent encore. Alors, sans contact, sans préparation, je me pointe dans la région, persuadé que je vais tomber sur quelque chose. Mais comme souvent, rien. Juste du vide. suite ci dessous
1977, Birmanie. Quelques semaines plus tard, après un détour par d’autres régions d’Asie, je me retrouve en Birmanie. Toujours cette quête, ce fantasme de la guerre du Vietnam, cette obsession de trouver une histoire, quelque chose à vivre, à photographier. On parle des Karen, dans le nord du pays, qui se battent encore. Alors, sans contact, sans préparation, je me pointe dans la région, persuadé que je vais tomber sur quelque chose. Mais comme souvent, rien. Juste du vide.
Alors je me balade. Je prends ce qu’il y a à prendre. Je descends l’Irrawaddy en bateau, je traîne dans les villages, je regarde. Je fais des photos. Des scènes de vie, des paysages, des moments qui, sur le moment, ne signifient pas grand-chose. Ça n’intéresse personne, même pas moi. Mais avec le recul, avec les années, ces images prennent un autre poids. Elles deviennent des témoins d’une époque, d’un pays en marge, figé dans un autre temps. À l’époque, je n’avais pas ce recul. Je cherchais autre chose. Une guerre, un mythe. Ce que je trouvais, c’était autre chose. Et finalement, ça valait peut-être plus.
Rangoon est une ville fantôme comparée aux autres métropoles asiatiques. Peu de voitures, la plupart vieilles de vingt ans, une circulation quasi inexistante. Après vingt heures, la ville s’endort. Quelques silhouettes dans des passages sombres, des hommes accroupis jouant aux cartes. Une capitale qui ressemble plus à un gros village figé hors du temps qu’à une grande ville. Les marchés, eux, regorgent de fruits et de légumes, mais restent pauvres en denrées de base. Les femmes se maquillent avec de la terre, une tradition qui sert autant à la coquetterie qu’à se protéger du soleil.
Dans le nord, le train est un vestige colonial en décrépitude. Les locomotives Alsthom, censées durer des décennies, tombent en panne après deux ans. Chaque pièce mécanique disparaît dans des ateliers de fortune. Parfois, les rails eux-mêmes sont démontés pour être revendus. Le bateau reste le moyen de transport le plus fiable, bien qu’il avance au rythme d’une charrette sous la chaleur. Sur l’Irrawaddy, je vois défiler une Birmanie intacte, ancrée dans une autre époque. Des villages entiers sans trace du XXe siècle. Juste des champs, des pagodes, des hommes et des femmes qui fument d’énormes cigares roulés dans des feuilles de maïs. Certains endroits donnent l’impression d’un bond en arrière au Moyen Âge.
J’étais justement en train de travailler sur des textes quand j’ai entendu cette histoire histoire du tremblement de terre en Birmanie.
Forcément, je me suis dit tiens, et j’ai regardé ce que j’avais écrit à cette époque dans mes carnet aspirales.
J’écris souvent sur ces pays où j’ai travaillé à un moment ou à un autre. Et je raconte toujours, bien sûr, que l’histoire ne peut se comprendre que sur le temps long.
Aujourd’hui encore, pour comprendre le présent, il faut se poser la question « Pourquoi ? ». Et on retrouve toujours les mêmes puanteurs coloniales.
La Birmanie, aujourd’hui le Myanmar, porte les cicatrices d’une indépendance mal préparée, héritée de l’Empire britannique. Comme ailleurs, Londres a appliqué sa vieille recette : diviser pour mieux régner, attiser les fractures ethniques, jouer avec les populations pour mieux les contrôler, puis partir en laissant derrière elle un baril de poudre allumé.
Avant la colonisation britannique au XIXe siècle, la Birmanie était un royaume structuré, avec une administration centralisée et une identité forte. Mais les Britanniques, après trois guerres (1824-1885), démantèlent tout. Ils compartimentent le pays, séparent les plaines bamars des régions montagneuses habitées par les minorités (Karen, Shan, Kachin, Rohingya…). Ces dernières sont enrôlées dans l’armée coloniale pour mater les Bamar, un poison lent qui gangrène encore aujourd’hui la société birmane.
L’indépendance en 1948 est un chaos annoncé. L’Angleterre se retire sans résoudre les tensions qu’elle a créées. Aung San, le père d’Aung San Suu Kyi, tente un sursaut d’unité avec les accords de Panglong en 1947. Il est assassiné avant même d’avoir pu poser les bases d’un État stable. Dès lors, le pays explose. Les minorités prennent les armes, les Bamar imposent leur domination, la guerre civile devient une routine.
L’armée, censée stabiliser le pays, s’installe en parasite. Coup d’État en 1962, dictature militaire, oppression systématique des minorités sous prétexte d’unité nationale. Derrière le rideau de fumée, c’est la perpétuation d’un système de contrôle colonial, avec des militaires en costume local.
Les Rohingya, musulmans de l’Arakan, paient le prix fort. Utilisés comme pions par les Britanniques et les Japonais pendant la Seconde Guerre mondiale, ils deviennent ensuite les boucs émissaires parfaits. Privés de citoyenneté, persécutés, massacrés, exilés. Le passé colonial n’est pas une excuse, mais il a préparé le terrain.
La Birmanie était pourtant un pays prospère, plus riche que la Thaïlande, avec une production massive de riz. Aujourd’hui, ses sous-sols regorgent de terres rares, une richesse qui pourrait la propulser économiquement. Pourtant, le pays reste enfermé dans une malédiction post-coloniale : hier sous l’emprise de la Grande-Bretagne, aujourd’hui sous l’ombre pesante de la Chine.
La BIrmanie reste prise au piège de cette histoire. Une guerre sans fin, une armée omniprésente, un peuple écrasé sous des décennies de violence. La junte militaire, qui a repris le pouvoir en 2021, n’est qu’un avatar de plus d’un système verrouillé.
Comme en Inde, en Palestine, au Soudan, au Nigeria, partout où l’Empire britannique a joué les architectes du chaos, la Birmanie paie l’addition. Derrière les discours sur la démocratie et la stabilité, il y a un pays brisé, où l’histoire coloniale continue de peser comme une chape de plomb.
Finalement, cette situation me fait penser bien sûr à l’Amérique d’aujourd’hui, à ce désir de puissance. Ce n’est plus le même système colonial, mais c’est quelque chose d’autre. Un autre type d’ingérence, différencié, plus subtil, mais toujours là. Et je repense à mon premier voyage en 1977. Ce pays m’avait fasciné. Je n’y suis pas resté assez longtemps, une semaine tout au plus, à cause des restrictions de visa. Mais déjà à l’époque, la dictature militaire pesait comme une chape de plomb. Rien n’a changé, ou si peu. Et ce qui se jouait alors continue encore aujourd’hui, sous d’autres formes, avec d’autres visages, mais avec le même poison lent qui gangrène l’histoire du pays.
A long story from 1977 to 2025 Earthqake Text in English
1977, Burma. A few weeks later, after a detour through other regions of Asia, I find myself in Burma. Always this quest, this fantasy of the Vietnam War, this obsession to find a story, something to live, to photograph. We hear about the Karen, in the north of the country, who are still fighting. So, without contacts, without preparation, I show up in the region, convinced that I’m going to stumble upon something. But as often, nothing. Just emptiness.
So I wander around. I take what there is to take. I go down the Irrawaddy by boat, I linger in the villages, I watch. I take photos. Scenes of life, landscapes, moments that, at the time, don’t mean much. It doesn’t interest anyone, not even me. But in retrospect, with the years, these images take on another weight. They become witnesses of an era, of a country on the margins, frozen in another time. At the time, I didn’t have that perspective. I was looking for something else. A war, a myth. What I found was something else. And ultimately, maybe it was worth more.
Rangoon is a ghost town compared to other Asian metropolises. Few cars, most twenty years old, almost no traffic. After twenty hours, the city falls asleep. A few silhouettes in dark passages, men squatting playing cards. A capital that looks more like a big village frozen out of time than a big city. The markets, on the other hand, are full of fruits and vegetables, but remain poor in basic foodstuffs. Women put on makeup with earth, a tradition that serves both coquetry and protection from the sun.
In the north, the train is a dilapidated colonial relic. Alsthom locomotives, supposed to last decades, break down after two years. Every mechanical part disappears into makeshift workshops. Sometimes, the rails themselves are dismantled to be resold. The boat remains the most reliable means of transport, although it moves at the pace of a cart under the heat. On the Irrawaddy, I see a pristine Burma pass by, anchored in another era. Entire villages without a trace of the 20th century. Just fields, pagodas, men and women smoking huge cigars rolled in corn leaves. Some places give the impression of a leap back to the Middle Ages.
I was actually working on some texts when I heard this story about the earthquake in Burma.
Of course, I thought, « hold on, » and I looked at what I had written at that time in my spiral notebooks.
I often write about these countries where I worked at one time or another. And I always say, of course, that history can only be understood over the long term.
Even today, to understand the present, we must ask the question « Why? ». And we always find the same colonial stench.
Burma, today Myanmar, bears the scars of a poorly prepared independence, inherited from the British Empire. Like elsewhere, London applied its old recipe: divide and conquer, stir up ethnic fractures, play with populations to better control them, then leave behind a lit powder keg.
Before British colonization in the 19th century, Burma was a structured kingdom, with a centralized administration and a strong identity. But the British, after three wars (1824-1885), dismantled everything. They compartmentalized the country, separated the Bamar plains from the mountainous regions inhabited by minorities (Karen, Shan, Kachin, Rohingya…). The latter were enlisted in the colonial army to subdue the Bamar, a slow poison that still gangrenes Burmese society today.
Independence in 1948 was a predicted chaos. England withdrew without resolving the tensions it had created. Aung San, Aung San Suu Kyi’s father, attempted a surge of unity with the Panglong agreements in 1947. He was assassinated before he could even lay the foundations for a stable state. From then on, the country exploded. Minorities took up arms, the Bamar imposed their domination, civil war became routine.
The army, supposed to stabilize the country, settled in as a parasite. Coup d’état in 1962, military dictatorship, systematic oppression of minorities under the pretext of national unity. Behind the smoke screen, it’s the perpetuation of a colonial control system, with soldiers in local costumes.
The Rohingya, Muslims of Arakan, paid the heavy price. Used as pawns by the British and Japanese during World War II, they then became the perfect scapegoats. Deprived of citizenship, persecuted, massacred, exiled. The colonial past is not an excuse, but it prepared the ground.
Burma was, however, a prosperous country, richer than Thailand, with massive rice production. Today, its subsoils are full of rare earths, a wealth that could propel it economically. Yet, the country remains locked in a post-colonial curse: yesterday under the grip of Great Britain, today under the heavy shadow of China.
Burma remains trapped in this history. An endless war, an omnipresent army, a people crushed under decades of violence. The military junta, which seized power again in 2021, is just another avatar of a locked system.
Like in India, Palestine, Sudan, Nigeria, everywhere the British Empire played the architects of chaos, Burma is paying the bill. Behind the speeches on democracy and stability, there is a broken country, where colonial history continues to weigh like a leaden blanket.
Ultimately, this situation makes me think of course of America today, of this desire for power. It’s no longer the same colonial system, but it’s something else. Another type of interference, differentiated, more subtle, but still there. And I think back to my first trip in 1977. This country fascinated me. I didn’t stay long enough, a week at most, due to visa restrictions. But already at the time, the military dictatorship weighed like a leaden blanket. Nothing has changed, or so little. And what was happening then still continues today, in other forms, with other faces, but with the same slow poison that gangrenes the country’s history.
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