GRAPHIC WORKS

Contrairement à la peinture contemporaine, la photographie prétend représenter le réel. Depuis que je recrée mes images sur ordinateur, un sentiment de culpabilité me taraude. Il m’a fallu braver un certain nombre d’obstacles et d’interdits. Car, pour un photojournaliste, un reporter du réel, transformer ses images relève d’un crime de lèse-photographie. Les photographes excommuniés par leurs pairs, suite à des retouches trop visibles sur leurs images, ne manquent pas. Plus de quarante ans de pratique m’ont pourtant convaincu que la photographie n’est qu’un faux-semblant. C’est une représentation de la réalité parmi d’autres, un art consommé du subterfuge, voire du mensonge, qui persiste à nous faire croire à sa vérité. La photographie est une merveilleuse illusion racontant à celui qui s’y plonge sa propre histoire, son « image-inaire »…

Pour mes nouveaux ouvrages graphiques k, j’ai souhaité prolonger l’expérimentation initiée avec « Iran Révolution » . Je me suis affranchi des règles induites par la photographie en cessant de prétendre à une restitution du réel. Quitter le monde de la photographie pour entrer dans celui de l’image et de la bande dessinée, univers visuels aux frontières poreuses… À la manière des maîtres anciens, j’ai composé, ajouté, retranché. J’ai joué sur les contrastes, les filtres, les lumières, les couleurs et les lignes. Comme un musicien qui passerait du piano au synthétiseur. Mon projet joue sur les stridences et la saturation, les lignes et les courbes, le vrai et le faux, le flou et le net. Mais ces images transfigurées restent malgré tout de la photographie, elles exigent une bonne qualité initiale. À la différence du dessin, leur captation est assurée par un outil photographique qui respecte toujours les lois de la perspective géométrique.