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Paris ” Lumière noire”. The book

Le livre. Edition de la Martinière

Présentation du livre
« Dans Paris totalement désert, je ne pouvais m’empêcher de photographier, car photographier m’est aussi indispensable que respirer. C’est chez moi une maladie chronique et incurable, une thérapie, une façon de m’accrocher à la vie. J’avais en tête ce projet sur Paris depuis longtemps et là, je n’avais plus d’échappatoire, je devais juste terrasser mes idées noires et me mettre au travail.
 Au cours de mes balades de plus en plus longues, mon idée prenait forme. Difficile de faire un livre sur Paris sans penser encore une fois aux ombres tutélaires de Brassai, Ronis, Doisneau et tant d’autres.

 Pourtant j’avais en tête un polar photographique, une série noire, bien noire comme mes idées… J’avançais un peu dans le brouillard, image par image. Mais la nuit, j’avais Paris pour moi tout seul. La ville déserte m’appartenait. Je planais dans une atmosphère étrange.» 

 Au gré de ses promenades parisiennes, le photographe Michel Setboun revisite la ville mythique, en décline les ombres et les lumières, les opacités et les profondeurs. Sous son regard, Paris devient une « lumière noire », un oxymore parfait pour raconter cette ville contradictoire et multiple.

2,5 kilos, 240 pages,  my new big baby is smelling ink and paper. He is in good shape.  his name is “Paris lumière noire”. Something like ” Paris black light” in English. You will be able to see it in all bookstores and on Amazon and other websites. Here is a small trailer. Éditions de la Martiniére septembre 2016…

English translation

Book Presentation:

“In a completely deserted Paris, I couldn’t help but photograph, because photographing is just as indispensable to me as breathing. It’s a chronic and incurable disease for me, therapy, a way to cling to life. I’ve had this project on Paris in mind for a long time, and now I had no escape, I just had to overcome my dark thoughts and get to work.

As my walks became longer and longer, my idea took shape. It’s difficult to make a book about Paris without thinking again of the guardian shadows of Brassai, Ronis, Doisneau and so many others.

Yet I had in mind a photographic thriller, a black series, as black as my thoughts… I was advancing a little in the fog, image by image. But at night, I had Paris all to myself. The deserted city belonged to me. I was floating in a strange atmosphere.”

During his Parisian walks, photographer Michel Setboun revisits the mythical city, declinates its shadows and lights, its opacities and depths. Under his gaze, Paris becomes a “black light”, a perfect oxymoron to tell this contradictory and multiple city.

2.5 kilograms, 240 pages, my new big baby is smelling ink and paper. He is in good shape. His name is “Paris black light.”

some pages of the book

Premiers chapitres

Chapitre 1 Idées noires

« Cette obscure clarté qui tombe des étoiles » Pierre Cornelle, Le Cid 

Ce livre est né un jour noir. Il s’est imposé à moi presque naturellement après une séparation amoureuse… Sous un ciel brouillé, l’hiver s’éternisait. Paris s’était endormi. Pour tromper ma tristesse, j’errais dans la ville, solitaire. Visions et idées sombres roulaient dans ma tête en un flot continu d’images, de souvenirs de lecture, de chansons. Brassaï, Baudelaire, Apollinaire, Barbara… Ma sensibilité à l’obscur rendait la ville plus intime et plus mélancolique encore. Je pensais à mes voyages lointains, à Conrad. Au bord de ce fleuve qui charriait son eau grise entre des quais déserts, je me sentais moi aussi au cœur des ténèbres. Paris devenait la matière gluante de mes songes… Paris m’enveloppait. Dans cette brume visqueuse je ne cessais pourtant de photographier. Pour conjurer l’angoisse, s’accrocher à la vie. Cette nuit-là et toutes les autres nuits.

Image après image, un projet paresseusement repoussé a resurgi, sans plus d’échappatoire cette fois. Mais avec les mêmes lancinantes questions : comment déjouer la banalité et le lieu commun, la carte postale et le déjà-vu ? J’imaginais alors un sorte de polar photographique, une série noire, noire comme mes idées. Puis, comme dans la chanson, « Le mal de vivre », une obscure clarté s’est logée au cœur de mes nuits, éclairant mon Paris noir d’une lumière nouvelle… Une lumière un peu noire quand même. Cette lumière noire était un parfait oxymore pour raconter ma ville, contradictoire et multiple. Car Paris, pour qui sait regarder, est traversé d’univers parallèles.

english translation

Chapter 1: Dark thoughts

This obscure clarity that falls from the stars” Pierre Cornelle, Le Cid

This book was born on a dark day. It imposed itself on me almost naturally after a love separation… Under a cloudy sky, winter lingered. Paris had fallen asleep. To distract myself from my sadness, I wandered the city alone. Dark visions and ideas rolled in my head in a continuous stream of images, memories of reading, songs. Brassaï, Baudelaire, Apollinaire, Barbara… My sensitivity to the obscure made the city even more intimate and melancholic. I thought of my distant travels, of Conrad. At the edge of this river that carried its gray water between deserted docks, I too felt at the heart of darkness. Paris became the sticky material of my dreams… Paris enveloped me. In this viscous mist I nevertheless kept photographing. To ward off anxiety, to cling to life. That night and all the other nights.

Image after image, a project lazily postponed has resurfaced, with no more escape this time. But with the same throbbing questions: how to thwart banality and cliché, the postcard and the already-seen? I then imagined a kind of photographic noir, a black series, black like my ideas. Then, as in the song, “The Pain of Living,” an obscure clarity settled in the heart of my nights, illuminating my black Paris with a new light… A light that was still a little black. This black light was a perfect oxymoron to tell my city, contradictory and multiple. For Paris, for those who know how to look, is traversed by parallel universes.

Chapitre 2 La nostalgie n’est plus ce qu’elle était…

« On dessine un cadre, et on attend avec une espèce d’espoir complètement fou, irraisonné, qu’il se passe quelque chose. » Robert Doisneau

Paris m’évoque infailliblement les photos de Robert Doisneau. Je me souviens du labo de l’agence Rapho et des classeurs pour collectionneurs de timbres dans lesquels Robert rangeait ses négatifs… Doisneau aimait déjeuner au café Le Rubis avec ses jeunes collègues, dont j’étais. Les repas étaient arrosés de bonne humeur. Nous mettions un point d’honneur à mettre en pratique ses images. J’aimais l’homme, le photographe, le copain. Le Paris amoureux et joyeux que nous racontait Doisneau a complètement disparu. Ses marchandes des quatre-saisons, ses gamins espiègles, ses ouvriers, ses chanteurs des rues, tous ont déserté la ville. Les Halles de Doisneau, le Belleville de Ronis, le Paris de Prévert, les nuits de Brassaï ne sont plus que souvenirs… Le petit peuple a quitté le pavé. De ce Paris industrieux il ne reste pas grand-chose, sinon une ville-musée attentive à mettre en scène l’imagerie des photographes humanistes. « La nostalgie n’est plus ce qu’elle était », écrivait Simone Signoret.

Aujourd’hui, pour voir des enfants jouer dans les rues, il faut s’aventurer dans les quartiers périphériques, en banlieue, où les familles nombreuses ont migré, chassées par la spéculation. Les classes privilégiées les ont remplacées dans les centres-villes aux loyers stratosphériques. Il m’arrive de maudire cette ville embourgeoisée, aseptisée et livrée au tourisme. Comme Léo Ferré, j’ai parfois envie de chanter « Paris, je ne t’aime plus ». Pourtant, dès que le soleil apparaît, je succombe, tel un amoureux transi. Et quand la lune vient caresser la Seine dans la douceur d’une nuit d’été, comme un chat hurlant sur sa gouttière, je reprends mon chant d’amour à la ville.

Chapter 2: Nostalgia is no longer what it used to be…

“We draw a frame and wait with a completely crazy, unreasonable hope that something happens.” – Robert Doisneau

Paris inevitably evokes the photos of Robert Doisneau. I remember the lab of the Rapho agency and the stamp collectors’ folders in which Robert stored his negatives… Doisneau loved to have lunch at the Café Le Rubis with his young colleagues, of whom I was one. The meals were watered with good humor. We made a point of putting his images into practice. I loved the man, the photographer, the friend. The Paris that Doisneau loved and joyful has completely disappeared. His four-season vendors, mischievous children, workers, and street singers have all deserted the city. Doisneau’s Halles, Ronis’s Belleville, Prévert’s Paris, and Brassaï’s nights are only memories… The working-class people have left the pavement. Very little remains of this industrial Paris, except for a museum city that is careful to stage the imagery of humanist photographers. “Nostalgia is not what it used to be,” Simone Signoret wrote.

Today, to see children playing in the streets, one must venture into the peripheral neighborhoods, in the suburbs, where large families have migrated, driven out by speculation. The privileged classes have replaced them in city centers with stratospheric rents. I sometimes curse this bourgeois, sterilized, and touristy city. Like Léo Ferré, I sometimes want to sing “Paris, I no longer love you.” Yet as soon as the sun appears, I succumb, like a smitten lover. And when the moon caresses the Seine on a summer night, like a howling cat on its gutter, I resume my love song to the city.Regenerate response

Chapitre 3 La traversée de Paris

« J’aime la nuit, j’ai les idées plus claires dans le noir. » Serge Gainsbourg

À l’origine, ce livre devrait s’écrire à quatre mains avec un auteur de roman noir. Je nous imaginais déjà traversant Paris, comme Gabin et Bourvil… J’aimais l’idée de partager ce voyage dans Paris avec un compagnon de bistrot. Un habitué du zinc, comme moi, un type qui puise ses idées chez Audiard, Desproges, voire dans le marc de café. Démarrer sa journée devant un « petit noir » aux côtés – rêvons un peu – d’une jolie brune accoudée devant une blonde, quoi de plus réjouissant ? Bref, cette traversée de Paris à deux s’est avérée compliquée à mettre en œuvre. Finalement, mes voyages au bout de la nuit, je les ai faits seul, tel Bardamu. Mais non sans quelques compagnons auxquels il me faut rendre hommage. Je pense en particulier au roman noir, français et américain, à la photographie humaniste, aux chanteurs et poètes qui ont célébré Paris, sources inépuisables d’inspiration. Mais aussi aux cinéastes et aux acteurs qui ont exalté mes nuits blanches. À ces films qui m’accompagnent depuis toujours, ceux des années cinquante qui montraient un Paris aujourd’hui disparu, comme Zazie dans le métro ou, plus extravagant encore, La Grosse Caisse avec le même Bourvil, génial poinçonneur à la station Quai de la Rapée. Sans oublier bien sûr Les Enfants du paradis, nés en des temps plus sombres. « Ajoutez deux lettres à Paris : c’est le paradis », écrivait Jules Renard dans son Journal.

Chapter 3 Crossing Paris

“I love the night, I have clearer ideas in the dark.” Serge Gainsbourg

Originally, this book was supposed to be written by two hands with a noir novelist. I already imagined us crossing Paris, like Gabin and Bourvil… I liked the idea of sharing this trip in Paris with a bistro companion. A regular at the bar, like me, someone who draws their ideas from Audiard, Desproges, or even from the coffee dregs. Starting your day in front of a “small black” alongside – let’s dream a little – a pretty brunette leaning against a blonde, what could be more enjoyable? Anyway, this two-person journey across Paris proved complicated to implement. In the end, I made my journeys to the end of the night alone, like Bardamu. But not without some companions to whom I must pay homage. I particularly think of the French and American noir novel, the humanist photography, the singers and poets who celebrated Paris, an inexhaustible source of inspiration. But also the filmmakers and actors who exalt my white nights. To these films that have always accompanied me, those of the fifties that showed a Paris now disappeared, like Zazie in the metro or, even more extravagant, La Grosse Caisse with the same Bourvil, a brilliant timekeeper at the Quai de la Rapée station. Not to mention of course Les Enfants du paradis, born in darker times. “Add two letters to Paris: it’s paradise,” wrote Jules Renard in his Journal.

Chapitre 4 La disparition (lipographie)

Ombres sur la ville, film de Melville 1966 ou L’Armée des ombres

Travailler sur ce projet m’a souvent fait songer à La Disparition, l’incroyable ouvrage de Georges Perec. Un livre entier écrit sans la lettre e – un lipogramme. Sans prétendre à pareil exploit, ces images sur Paris résultent d’une disparition intentionnelle : celle des Parisiens. Pour éviter tout risque de procès, « mon » Paris est peuplé d’ombres méconnaissables et de passants sans visage, soit une ville hors du temps et un peu irréelle. Paris n’est plus une fête pour les photographes. Au pays de Nicéphore Niépce, quelque deux cent soixante-dix lois encadrent la liberté d’expression, en particulier l’utilisation des images. Dans le même temps, et de manière assez paradoxale, les caméras ont envahi les rues, épiant nos moindres faits et gestes, et la télévision floute tous azimuts. Notre société du spectacle entretient un rapport étrangement schizophrène à l’image. Ce droit à l’image, bien mal nommé, équivaut à une interdiction, une entrave à notre mémoire collective. En vertu de la législation, il faudrait obtenir de chaque personne photographiée un accord signé. L’autocensure est donc à la fête – en Occident du moins. Sans doute le photographe de rue est-il d’abord un « voleur » d’images. Mais que vole-t-il sinon des trait anonymes, une bribe d’intimité que chacun ne saurait percevoir autrement qu’à travers son reflet inversé dans un miroir ? Qu’on le veuille ou non, notre image se constitue au regard de l’autre. Et vouloir contrôler un visage semble bien présomptueux. Pour ma part, j’ai esquivé la question par l’effacement, l’absence. Pourquoi ne pas inventer le néologisme « lipographie », la photographie sans visage ? Comme l’écriture, l’image se prête aux subterfuges et aux faux-semblant.

A. suivre dans le livre

English translation

Chapitre 4 : La disparition (lipography)

Shadows over the city, a 1966 film by Melville or L’Armée des ombres

Working on this project often reminded me of La Disparition, the incredible work by Georges Perec. A whole book written without the letter “e” – a lipogram. Without claiming a similar feat, these images of Paris result from an intentional disappearance: that of the Parisians. To avoid any risk of lawsuit, “my” Paris is populated by unrecognizable shadows and faceless passersby, a city out of time and somewhat unrealistic. Paris is no longer a feast for photographers. In the country of Nicéphore Niépce, about two hundred and seventy laws regulate the freedom of expression, particularly the use of images. At the same time, and somewhat paradoxically, cameras have invaded the streets, spying on our every move and television blurs in all directions. Our society of the spectacle has a strangely schizophrenic relationship with image. This right to image, badly named, is equivalent to a prohibition, a hindrance to our collective memory. Under the legislation, each person photographed would have to give signed consent. Self-censorship is therefore celebrated – at least in the West. Perhaps the street photographer is first and foremost a “thief” of images. But what does he steal except anonymous traits, a shred of intimacy that each can only perceive through their inverted reflection in a mirror? Whether we like it or not, our image is created through the gaze of the other. And wanting to control a face seems very presumptuous. For my part, I sidestepped the question by erasing, by absence. Why not invent the neologism “lipography”, photography without a face? Like writing, image lends itself to subterfuges and false appearances.

To be continued in the book.

Michel Setboun

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