Paris désert
Les 55 jours sans péquin
“Soylent green”
The city deserted during the first Covid pendemic
Ces images vont vous sembler indécentes , incongrues ou déplacées, mais pendant le premier confinement l ‘espace de quelques semaines, 55 jours exactement, Paris semblait retourner à l’état sauvage, la nature reprenait ses droits. La ville était pour un temps transformée en un décor de sciences fiction…
Soleil Vert, chronique du confinement.
Le confinement a commencé par surprise. Pendant les premiers jours je n’ai pas réagi, Comme tout le monde je ne savais pas grand-chose du virus, l’ambiance était vraiment anxiogène. j’étais abasourdi. Mais je n’ai pas pu résister longtemps à l’envie de voir, de sortir, photographier Paris, cette ville que je connaissais si bien, était devenue une ville fantôme,,. C’était la fin de l’hiver. J’ai commencé à sortir timidement. Paris faisait grise mine. Les arbres encore dénudés allongeaient leur larges ombres inquiétantes sur le pavé. La cité était sombre et triste. La ville silencieuse et déserte semblait mise à nue.Du matin au soir , je sillonnais la ville à vélo à la recherche d’images surprenantes. pour tout dire je broyais du noir, je ne voyais que du noir. En un premier temps, le « noir et blanc » s’est donc tout naturellement imposé à mon regard.
Deux semaines plus tard, le printemps a fait irruption. Le ciel, lavé de sa pollution, était passé au bleu, un bleu lumineux, presque électrique, à en faire mal aux yeux. Les arbres s’étaient habillés de feuilles vertes éclatantes sous un soleil incandescent. La ville abandonnée mais éclaboussée de lumière, resplendissait d’une beauté indécente… Au cœur de ce monde suspendu, la Seine s’était arrêtée dans sa course, pour s’abandonner, elle aussi, au soleil printanier. Les bateaux-mouche et les péniches étaient à quai. Rien ne pouvait déranger les eaux du fleuve, aucune ride ne venait troubler les flots argentés. La Seine s’était transfigurée en un gigantesque miroir à ciel ouvert où la ville figée projetait son image parfaite mais inversée…. J’étais tout simplement ébloui par le spectacle. et je me rêvais tel « Alice au pays des merveilles », traversant le miroir. Je n’ai pas résisté longtemps à l’appel du printemps et mes photos aussi ont retrouvé leurs couleurs…Je courais alors “aux quatre coins de cette ville” que je connaissais si bien, Je n’avais jamais vu « ça ».
J’ai vécu cette expérience comme un moment unique, “extra-ordinaire”, qui ne se reproduira plus jamais je crois. J’étais dans un rêve éveillé, où je voyais Paris, ma ville, retourner chaque jour un peu plus, à l’état sauvage. Les images ne peuvent montrer le silence, ni le bruit de fond de la nature, ni le vent, ni le chant des oiseaux, ni le bruissement des feuilles dans les arbres. Le boulevard du palais avec ses grands arbres qui forment une voûte végétale prenait des airs de forêt urbaine. J’étais dans Un paradis vert d’où exhalait un sentiment de paix incroyable. De temps à autre, une voiture déchirant le silence assourdissant, me faisait revenir à la réalité;
Paris redevient un simple désert de pierres. A la tombée de la nuit, les rues de la ville fantôme se transformaient en un décor de science-fiction inquiétant où je m’attendais à voir débouler des zombies. Quand je rentrais chez moi après ces heures d’éblouissement, j’écoutais la radio qui ne parlait que de nos souffrances quotidiennes et égrenait au fil des heures le bilan morbide de la journée. Chaque jour la mort s’invite dans nos maisons. Il n’y avait plus ni guerre, ni famine. Le monde soudainement devenu tout petit , était réduit à ce virus microscopique qui occupait tout l’espace de notre vie. Je retournais alors dans les rues désertes pour fuir loin de cette réalité. loin des gens et des drames humains, loin de tous ces morts dans les hôpitaux. Comme Roberto Benigni dans son film « la Vita e Bella » j’avais décidé de voir le bon côté des choses, « la vie en rose »… j’ai longtemps travaillé comme photographe de guerre , et je crois justement que le rôle du photographe est de rendre beau les moments les plus tragiques. Je pense à ces images dramatiques qui, par leur beauté plastique, deviennent des icônes. Ce spectacle terrifiant et sublime, ce moment insensé n’a finalement duré que quelques semaines…
55 jours exactement, « les 55 jours sans Péquin »
Avec la fin du confinement débutera une nouvelle histoire, Paris deviendra un immense bal masqué à ciel ouvertMais pour le moment il y avait, ce soleil, ce vert incandescent , et le bleu du ciel. Pas de doute j’étais dans un film, pas celui de “Nicholas Ray”…mais un film de science-fiction…auquel j’ai donné le titre de
« Soleil vert».
Le film de Fleisher raconte un avenir dystopique où les océans sont mourants et la canicule est présente toute l’année en raison de l’effet de serre, conduisant à l’épuisement des ressources naturelles, la pollution, la pauvreté, la surpopulation et l’euthanasie volontaire…
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