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Irak 10/12. Kerbala: le mausolée

IRAK-IRAN, de Nadjaf à Kerbala, 

English text here

Le mausolée de l’imam Hussein

Le jour suivant nous arrivons à entrer dans le mausolée, c’est l’apocalypse. Les mots me manquent pour décrire la scène. Je fais quelques vidéos avec mon smartphone pour le son, même si je ne suis pas doué pour ça.  J’ai à peine besoin de bouger, je me laisse entraîner par le flot des pèlerins vers le tombeau de Hussein. 

C’est une pièce magnifique, ornée de miroirs aux mille couleurs, qui abrite la sépulture. La foule essaie de toucher ou d’embrasser le tombeau. Des gardiens agitent des plumeaux au-dessus des fidèles, non pas pour les rafraîchir, comme Pharaon, mais pour les empêcher de se prendre en selfie. L’émotion est à son comble. Les hommes pleurent, gémissent, s’écroulent sur le sol, revivant le martyre de Hussein. Je suis balloté par cette vague humaine, qui me fait changer de direction à chaque instant. Je n’ai plus d’appareil photo, je n’ai plus que le contact avec les gens.

À l’extérieur, des milliers de gens continuent de tourner autour des mausolées, brandissant des portraits d’Hussein et criant son nom. La chaleur les accable, et beaucoup cherchent désespérément un peu d’ombre où se rassemblent autour de dizaines d’aérateurs pour se rafraîchir. De nouveaux groupes de pèlerins arrivent en vagues successives.

Au milieu de cette cohue, j’entends parler français : ce sont des pèlerins camerounais. Nous engageons la conversation, ils sont surpris et heureux de rencontrer quelqu’un qui parle leur langue, un frère. Ils me disent qu’il y a plus de 500 000 chiites dans le sud du Cameroun. je ne le savais pas.  Qui les a convertis ? Peut-être les Libanais ?

Je rejoins Ali Reza, épuisé et brûlé par le soleil, nous décidons de retourner au dortoir. Nous marchons à contre-courant. Quand tout a coup surgissent des centaines de femmes en tchadors noirs. J’aurais aimé les suivre, mais je n’ai plus la force.

Les pélerins commencent a s’installer dans le mausolée pour y passer la nuit.

Nous arrivons enfin dans notre refuge, mais il est difficile d’y dormir entre la chaleur, les allées et venues, les lumières qui s’allument et s’éteignent et le bruit. Mais c’est quand même plus calme que dans la rue.

La nuit est courte et agitée . Dès cinq heures du matin, le “général” débarque en hurlant : “Allez, il faut partir.” La fête est finie.

Le paquetage est vite fait. Nous sortons ensommeillés  dans la  fraîcheur d’un matin à 35 degrés. Des milliers de personnes dorment encore sur des nattes dans la rue.. De nouveaux cortèges de pèlerins poursuivent leur marche vers le mausolée en psalmodiant. Toujours cette impression d’être sur une autre planète.

Kerbala Mausoleum

The following day we manage to enter the mausoleum, it’s the apocalypse. I lack words to describe the scene. I make some videos with my smartphone for the sound, even though I’m not good at it. I barely need to move, I let myself be carried by the flow of pilgrims towards Hussein’s tomb. It’s a beautiful room, adorned with mirrors of a thousand colors, which houses the burial. The crowd tries to touch or kiss the tomb. Guards wave feather dusters over the faithful, not to refresh them, like Pharaoh, but to prevent them from taking selfies. The emotion is at its peak. Men cry, moan, collapse on the floor, reliving Hussein’s martyrdom. I am tossed by this human wave, which makes me change direction every moment. I no longer have a camera, I only have contact with people. In the middle of this crowd, I hear French spoken: they are Cameroonian pilgrims. We start a conversation, they are surprised and happy to meet someone who speaks their language, a brother. They tell me that there are more than 500,000 Shiites in southern Cameroon. I didn’t know that. Who converted them? Maybe the Lebanese?

Outside, thousands of people continue to circle around the mausoleums, waving portraits of Hussein and shouting his name. The heat overwhelms them, and many desperately seek some shade where they gather around dozens of fans to cool off. New groups of pilgrims arrive in successive waves. I join Ali Reza, exhausted and sunburned, we decide to go back to the dormitory. We walk against the current. When all of a sudden hundreds of women in black chadors appear. I would have liked to follow them, but I don’t have the strength anymore. We finally arrive in our refuge, but it is hard to sleep there between the heat, the comings and goings, the lights that turn on and off and the noise. It’s still quieter than in the street. The night is short and restless. At five o’clock in the morning, the “general” arrives screaming: “Come on, we have to leave.” The party is over. The packing is quickly done. We go out sleepy in the coolness of a morning at 35 degrees. Thousands of people still sleep on mats in the street… New processions of pilgrims continue their march towards the mausoleum chanting. Always this impression of being on another planet.


Michel Setboun

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