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New York VERTIGO  

J’aime New York depuis le premier jour. J’aime cette ville pour sa démesure son humanité et son énergie contagieuse. J’aime New York pour ses avenues qui mènent au fleuve et à la mer. J’aime cette ville qui marche au rythme de sa musique. Ces gens qui s’apostrophent dans toutes les langues, anglais, espagnol, chinois, italien ou qui vous accostent avec gentillesse, dans la rue, dans un bus, pour un oui pour un non, pour le simple plaisir de parler. J’aime quand la lune s’amuse à des jeux de lumière sur les façades des gratte-ciel, quand le soleil joue sur ces avenues rectilignes comme sur un cadran solaire. J’aime New York en été quand la ville se délasse après une journée brûlante et en hiver, quand la cité sous la neige tourne au ralenti, dans le silence. J’aime New York quand, à force d’avoir trop marché, regardé, écouté, je suis  pris de vertige. J’aime New York car je me sens libre et anonyme dans la foule de ce grand bazar, où  se mêlent les bruits, les odeurs et les populations du monde.

J’aime toujours New York même si ce n’est plus la ville canaille que j’ai connue. Elle n’a pas  échappé à la spéculation immobilière.  Comme toutes les grandes agglomérations de la planète, New York s’est assagie et embourgeoisée. Le quartier de Times square nettoyé est devenu un immense centre commercial qui joue à Disneyland. Les avenues ABCD dans alphabet city et des quartiers entiers du sud de la ville, où personne n’osait s’aventurer, sont aujourd’hui envahis pas les « bobos ». Harlem aussi fait peau neuve. 

Mais la ville n’est pas figée dans son passé. Elle  attire toujours les jeunes artistes du monde entier. Les nouveaux venus partent à la conquête de nouveaux territoires. Ils sont à l’origine du formidable développement des zones industrielles à  l’est de la ville, le long de l’East River, à Brooklyn et dans le  Queens, là ou les loyers sont moins inabordables.  Dumbo et  Williamsburg sont devenus en quelques années les nouveaux centres de l’avant-garde new-yorkaise et de la modernité. Cette étonnante fusion de liberté et de pragmatisme, fait de New York aujourd’hui encore la capitale mondiale de l’art. la ville symbolise encore le risque, l’audace, de l’originalité, l’éphémère.  C’est aussi un lieu dur et  tourmenté, marqué par des contrastes sociaux qui donnent le  vertige autant que ses gratte-ciel.

Je viens ainsi à New York depuis trente ans. je me suis contenté, Pendant toutes ces années, de longues balades dans la ville. Je n’avais pas de projet photographique. Je voulais juste fuir le ciel de Paris. Très régulièrement, j’avais besoin de me  laisser envahir par cette énergie vitale.   

Je me souviens encore de mon premier voyage. Mon premier taxi  jaune, à l’aéroport. Le chauffeur, un immigre haïtien me faisait la  conversation, moitié anglais moitié créole, en fonçant dans  la nuit, par-dessus les ponts et les tunnels. Arrivé dans Manhattan il s’engouffrait avec rage dans une avenue rectiligne. Cernée par les façades des gratte-ciel, la rue ressemblait à un canyon. À chaque instant, la ville semblait nous engloutir.  

Je me souviens aussi de mes premiers chocs visuels. Comme tous les nouveaux venus, je marchais dans les rues le regard rivé au ciel. J’étais, bien sûr, subjugué par le gigantisme de la ville et ces tours qui semblaient repousser la voûte céleste.   

Justement, je relisais le “ voyage au bout de la nuit”, j’étais Bardamu le héros de Céline découvrant le   Nouveau Monde.    

‘Figurez-vous qu’elle était debout leur ville, absolument droite.  New York c’est une ville debout. On en avait déjà vu nous des  villes bien sûr, et des belles encore, et des ports et des fameux même. Mais chez nous, n’est-ce pas, elles sont couchées les villes, au bord de la mer ou sur les fleuves, elles s’allongent sur le  paysage, elles attendent le voyageur, tandis que celle-là  l’Américaine, elle ne se pâmait pas, non,  elle se tenait bien  raide, là, pas baisante du tout, raide à faire peur. »    

Comme Bardamu, Je découvrais la ville, regardant dans tous les sens, en haut, en bas, vers le lointain, tout au bout de ces avenues qui s’ouvraient, vers l’infini, mon regard s’exerçait à embrasser les grands espaces   puis à fixer des détails perdus dans les hauteurs. Puis encore une fois fixer mon attention à droite ou à gauche. Cette ville réveillait en moi l’enfant, ébloui devant la démesure. Dans ces rues alignées, la foule qui marchait au pied des immeubles semblait irriguer les artères de la cité comme un flux vital. Aveuglé par la lumière, submergé par le bruit et la vitalité de la ville. Ma tête tournait. J’étais saisi par le vertige.   

Et puis les sirènes du port me sortaient de mon étourdissement. Je   sentais le vent du large. Là-bas tout au bout de l’avenue, il y avait l’horizon, des ponts, l’eau, la mer. Je réalisais que cette mégalopole n’était qu’une île, une petite-Île.  

Ce vertige, je le ressens encore lorsqu’au coin d’une rue je  crois   reconnaître, un décor aperçu dans un film. Est ce « west side story », « America, America » « Manhattan », « Chinatown » ou « Sex and the city », ou est ce un livre de Edith Warton Paul   Auster ou Jérôme Charyn, Comment s’y retrouver ? Des   milliers de livres et de films racontent New York.    

J’ai mis des années avant de pouvoir photographier la ville. C’est toujours intimidant de s’attaquer à des sujets visités par   d’autres. Je ne voyais pas comment sortir des lieux communs, comment parler autrement, photographier autrement, ou écrire autrement New York. Tout semble déjà avoir été dit :  Manhattan, Harlem, l’empire state building, le Bronx, Central park,   Greenwich village, les taxis jaunes, les gratte-ciel, les ruelles sombres éventrées par les jets de vapeur du chauffage   urbain. Tout cela fait maintenant partie de notre imaginaire. 

A cette époque, la France, le pays qui a vu naître la photographie, faisait voter de nouvelles lois sur le droit à l’image.  La moindre Photo de rue pouvait entraîner un procès en dommages-intérêts. Mais dans le même temps, le pays célébrait ses grands photographes humanistes, des photographes de rues, dont les œuvres sont entrées dans le patrimoine national. 

Je ne comprenais pas. New York pour moi avait un nouveau goût de liberté, la liberté de photographier. La photo de rue y était encore un art à part entière. J’avais envie de regarder ailleurs.

Je n’avais pas encore de projet précis, je voulais retrouver ce regard d’enfant étonné posé sur la ville, ce regard du début, des premiers voyages. Je voulais faire sentir ce vertige dans mes images. Et puis cela m’a paru évident, je devais voir la ville d’en haut, du haut des gratte-ciel, avec l’espoir secret de scruter l’âme de la ville. Je commençais mon périple au coeur de ces forêts de pierre, à des centaines de mètres au-dessus de nos têtes. Pendant des années, tel “le baron perché”, j’ai vogué sur les cimes de la mégapole, fascinante, suspendue et intemporelle. J’avais besoin de cet entre-deux: entre ciel et terre, entre les cieux et les hommes.

J’étais à New York le 11 septembre 2001. J’étais arrivé la veille de Paris avec l’intention de continuer mon travail.  J’étais là, dans la rue, juste au pied des tours du World trade center en feu, la foule fuyait en tous sens, dans un calme étrange. Je ne comprenais rien à ce qui se passait, Je n’avais pas vu les avions. 

J’ai assisté, à l’anéantissement des tours. Tout à coup New York, comme Pompéi, comme Carthage ou Hiroshima était une ville vulnérable et éphémère    

Le vent portait au loin l’odeur du charnier. Une pluie de cendre tombait sur la ville,. L’ile de Manhattan, coupée du monde et transformée en chapelle ardente a vécu ainsi plusieurs mois en apnée. C’était un fauve touché à mort. Personne ne pensait qu’il pourrait se remettre de sa blessure.  

Et pourtant Cinq ans plus tard, les journaux titraient «New York is back!» New York est guérie. la plaie était déjà cicatrisée. C’est a nouveau la course en avant, Le quartier de wall street a retrouvé toute sa vitalité, l’immobilier flambe.

La vie de tous les jours a aussi repris son cours comme avant. Chaque jour, chaque matin, Il faut à nouveau lever la tête. Il faut créer ou recréer sa vie, dans un combat sans  merci, stimulant et impitoyable. C’est le ciel, ou l’enfer. Il n’y a rien entre les deux. A New York Il y a toujours  ceux qui voient le ciel, ceux qui se couchent à terre et ceux qui s’en vont. Il y a ceux qui y croient et ceux qui n’y croient plus. Mais pour finir, à New York on ne possède rien d’autre que l’instant.  Un jour, il pourrait ne rester de la ville que cela : une île, de l’eau, du vent, de la lumière, le vertige de l’horizon et le vol des oiseaux migrateurs.    

Mais, pour moi montrer New York sans les “twin towers”, c’était comme imaginer Paris sans la tour Eiffel. J’ai hésité à exhiber le passé. Je n’aurai peut-être saisi que quelques miettes de ce kaléidoscope frénétique.  Mais j’ai préféré faire comme les new-yorkais, regarder l’avenir, montrer la ville renaissante.  

Deux nouvelles tours jumelles sont déjà apparues au sud de central park faisant écho aux tours du World Trade Center. Les plus grands architectes de la planète sont en train de remodeler le “skyline” de la « grosse pomme ». New York est donc de retour, encore plus droite, à nouveau obsédée par le ciel. D’autres tours, plus belles, plus arrogantes vont bientôt monter à l’assaut du ciel, comme un nouveau défi.

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Michel Setboun

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